¡Pura vida!

Décision de dernière minutes, je vais profiter de cette fin d’année pour voir un autre bout du monde. C’est avec beaucoup d’excitation et un soupçon d’hésitation que j’achète mes billets quatre jours avant le départ : destination le Costa Rica. Même l’émetteur de ma carte de crédit ne semble pas croire mon départ possible, je reçois dès le lendemain un téléphone du service des fraudes pour s’assurer que j’ai bien passé les dernières transactions. Tout s’enchaîne rapidement. Plus le temps de réfléchir à ce que j’ai décidé, je refais mon sac, j’organise mes derniers jours en Suisse, dont un sur les lattes pour avoir un avant goût de l’hiver avant de partir à la plage. J’arrive même a trouver un appartement le soir avant mon vol. Et si certains m’ont dit avec un poil de jalousie « La chance que tu as ! », d’autres m’ont dit amicalement « On a que ce que l’on décide. ». Cela me fait penser à la devise « If you want it, make it happen ». (Si vous voulez quelque chose, faites que cela se passe.)

Une fois devant les écrans de départs à Genève, je remarque que les aéroports me semblent étrangement familier, sûrement normal après tous les vols que j’ai pris durant l’année passée. En attendant l’embarquement, je repense avec un grand sourire à mon voyage, à tous les gens que j’ai revus depuis mon retour en Suisse, aux amis de voyage avec qui j’ai réussi à garder contact, à ma future vie à Berne et à ce voyage totalement à l’improviste. Je profite de mon trajet pour dévorer « The Big 5 for Life » dont je vous ai parle récemment et qui m’a permis de remettre tout cela en perspective.

Le Costa Rica, cette fine bande de terre au milieu de l’Amérique Centrale est délimitée par le Nicaragua, au Nord et le Panama, au Sud et bordé par les océans Pacifique et Atlantique. Si ce pays possède une superficie d’un quart de plus que la Suisse, il n’a, avec quatre millions et demi d’habitants, qu’à peine plus que la moitié de notre population. Même si le pays est traversé par des chaînes de montagnes, rien de comparable aux Alpes, la majorité de territoire serait habitable. Pourtant, la population est concentrée à San José et les quelques villes de banlieue. En effet, plus de deux millions de personnes habitent dans la zone métropolitaine de la capitale, ce qui rend le reste du pays bien calme et sauvage. Aux alentours de la capitale, la végétation est luxuriante et d’un vert profond, sur les flans du volcan Irazú et des autres montagnes encerclant la ville poussent pois, pommes-de-terres, oignons et autres tubercules, alors que les vallées extérieures hébergent des plantations de café et de thé.

Dès leIMG_6416 Drops of water in the Sundeuxième jour, je retrouve, Pauline, rencontrée l’année passée au Myanmar avec qui je vais voyager ici à nouveau. Cette fois, nous partons en mode explorateurs avec notre quatre-quatre. Toutefois avant l’aventure, notre séjour au Costa Rica débute dans un cadre luxueux et très relaxant, à quelques kilomètres de la plage de Tamarindo, perdu dans une magnifique villa avec vue sur l’océan où l’on participe à une retraite de yoga. Devant notre immense villa, le soleil se reflète sur la piscine à débordement semblant couler directement dans l’océan. Celle-ci termine la spacieuse terrasse qui nous sert de salle de yoga et de salle à manger. Quoi de mieux pour commencer sa journée que de méditer et faire du yoga à la douce lumière du matin égaillée par le chant des oiseaux ? Durant presque une semaine notre petit groupe de cinq yogis se détend et profite durant la journée des plages environnantes. Je vous rassure, le cadre de cette retraite de yoga n’a rien à voir avec un camp d’ascètes, de vipassana ou d’autres orthorexistes — personnes avec une obsession pour la nourriture ultra-saine. En fait, on partage du chocolat (suisse évidement !), des vins argentins et chiliens, ainsi que des bières pour accompagner les excellents repas typiques costaricains. Malheureusement, les jours passent vite, il nous faut quitter notre confort trop luxueux pour prendre la route et partir à la découverte de ce pays en version backpakers. C’est le début de notre road trip. Nous nous rendons sur plages les plus au Nord de la côte pacifique, avant de prendre la direction des terres du Nord pour visiter nos premiers parcs nationaux.

Ce qui marque premièrement au Costa Rica, c’est que peu importe où que vous soyez dans ce pays, vous entendrez la fameuse salutation costaricaine «  Pura Vida ! ». Cette expression viendrait d’un film mexicain ¡Pura vida! de la fin des années cinquante qui s’est popularisée à en devenir le slogan du pays. Cette forme de salutations reflète bien, à mon avis, le climat agréable de ce pays où il fait bon vivre… sa signification est, pour ceux qui se souviennent du Roi Lion, l’équivalent de la philosophie hakuna matata. Ici, le coût de la vie est plus élevé que dans les pays voisins, mais la population est globalement aisée et vit dans des conditions excellentes. Les services médicaux y seraient même plus accessibles qu’aux États-Unis. Il reste bien sûr des choses à faire pour répartir les richesses, réduire le chômage et permettre une vie meilleure au plus pauvres, mais les disparités ne semblent pas aussi grande que dans d’autres coins du monde. Le Costa Rica a aussi une particularité dont peu de pays souverain peuvent se vanter : il n’a plus d’armée depuis 1949. Un exemple à suivre ?

Nous visitons après les quelques plages du Nord, le parc du Rincón de la Vieja — littéralement, le coin de la vieille — une région volcanique active avec des geysers, des bains de boue dégageant une odeur nauséabonde d’œuf pourris et d’autres fumerolles. Nous faisons aussi nos premières rencontre avec la faune locale. On y croise un coati ­— une sorte de cousin du raton laveur, typique de l’Amérique Centrale et du Sud — pleins insectes et, avec beaucoup de chance semblerait-il, un petit tatou qui est habituellement actif seulement de nuit. Dans les environs, nous nous rendons également dans le parc du volcan Tenorio qui abrite le Rio Celeste. Cette rivière d’un bleu azur serait, selon la légende locale l’endroit où Dieu rinça ses pinceaux lorsqu’il termina de peindre le ciel après la création du Monde. La physique nous explique cependant que c’est l’augmentation de l’acidité de l’eau au point de rencontre de deux rivières qui permet l’agglomération de cristaux d’aluminosilicate présents naturellement dans le Rio Buenavista. Ces nano-particules minérales en suspension dans l’eau dispersent la lumière, comme les gouttes d’eau lors d’un arc-en-ciel et à cause de leur taille diffuse principalement le bleu, comme l’explique une récente étude. [Castellón & al., Scattering of Light by Colloidal Aluminosilicate Particles Produces the Unusual Sky-Blue Color of Río Celeste (Tenorio Volcano Complex, Costa Rica), PLos One (2013) 8(9): e85165]

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Ceviche
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Patacones et purée de fjioles

Même si elle n’est, de bases, pas très épicées, la gastronomie locale réjouis les papilles. Nous dégustons, entre autre, le gallo pinto — un riz mélangé avec des fèves de haricots —, les fijoles — une purée de haricots noirs —, des plantains cuits, des œufs brouillés, des patacones — une sorte de frite locale a base de plantains —, des tamales — un riz collant cuit dans des feuilles de bananiers —, les fameux ceviches — un peu le sushi américain, à base de poisson frais cuit dans du jus de citron —, ou encore du riz sauté aux crevettes. Les plats sont habituellement épicés avec de la coriandre, des oignons, de l’ail du sel et peuvent être additionné d’une sauce verte locale appelée Salsa Lizano. Profitant d’être à proximité des zones de pêche pour manger beaucoup de poissons, j’ai probablement englouti une dose d’oméga 3 plus grande que celle cumulées sur les cinq dernières années…

Après ce passage dans les parcs du Nord du pays, nous retournons sur la côte à Samara. Nous en profitons pour visiter quelques plages confidentielles : Juanillo, Avallenas, qui complètent bien les Playa Flamingo, Negra et Junquillal vues auparavant. Depuis ce petit village, nous mettons le cap au Sud en suivant la côte de la péninsule de Nicoya. La vie sur cette péninsule y est douce, comme en témoigne le fait qu’il s’agit d’un endroit du monde où l’on reporte que les gens passent régulièrement le cap des cents ans en bonne santé. Le chemin de la côte emprunte ce que le Lonely Planet liste comme une des pires routes du Costa Rica. Nous roulons en effet sur des routes en terre, souvent défoncées, parfois boueuses et nous traversons plusieurs rivières à gué dont quelques une de nuit avec l’aide bienveillante d’un local qui se trouvait par chance sur notre chemin. Nous nous arrêtons à Santa Terresa, un petit village hippie de surf, yoga à l’atmosphère relaxante. Nous logeons à deux pas de la plage chez Juan qui nous montre comment nourrir les dizaines d’iguanes qui squattent le toit en tôles de son auberge. La plage de Santa Terressa est une vraie machine à vagues causées par le point de cassure de la côte. Imaginez vous dans l’eau, emporté par les courants et face à un mur d’eau prêt à s’abattre sur vous… cachant le suivant qui ne saurait tarder. On y surf jusqu’au coucher du Soleil. Le tableau est tellement beau qu’il semble presque irréel. Sur les grosses vagues jaillissent en ombres chinoises les surfeurs aguéris. Les nuages, le ciel et les vagues se mélangent dans des tons orangés, rouges et blancs. Et même si on est encore loin de surfer les vagues bleues, les blanches, plus calmes, nous offrent nos premières sensations sur les planches de surf. Simone, un italien qui s’est immigré pour faire du surf ici, nous coache avec enthousiasme. Je note que c’est un vrai plaisir de rencontrer des gens passionnés comme lui qui partage leur engouement spontanément. Le spot nous plait tellement que nous décidons d’y passer plus de temps avant de terminer notre visite de la péninsule par un petit saut à Montezuma. Nous traversons en ferry le golf de Nicoya pour continuer notre périple au Sud. Sur le bateau, la croisière locale s’amuse sans se soucier de l’orage qui s’abat en mer. Avec les éclairs au loin, la musique à fond, les bières et les danses, on se serait cru dans une boîte de nuit.

À prIMG_7048proximité de Playa Dominical, où nous logeons en plein cœur de la forêt dans une grande maison se mêlant avec la forêt luxuriante, nous trouvons notre deuxième coup de cœur au niveau des plages : Playa Hermosa. Finalement, à environ deux heures au Sud, nous atteignons Sierpe d’où nous partons explorer le parc national de Corcovado. Accompagné d’un guide local et de sa femme, nous commençons par une expédition de nuit dans la forêt tropicale à la recherche des fameuses grenouilles vénéneuses du Costa Rica. César, notre guide local passionné aussi, nous fais découvrir tous les insectes, araignées, oiseaux et reptiles du coin durant cette ballade à travers les nuages de moustiques… heureusement que le spray ramené de Thaïlande surdosé en DEET (50%, interdit en Suisse) en repousse un ou deux sur les centaines… on les chasse, on en mange, on en respire… mais cela fait partie de l’aventure. Le lendemain, un trajet en bateau un poil long nous conduit sur la région côtière du parc où nous observons quelques espèces de signes, des perroquets et des crocodiles. Nous avons même le privilège de voir un de ces dernier, ayant fait intrusion dans l’océan, en train de dévorer un pélican à proximité de ce qui serait une plage idyllique. La région Sud est également intéressante au niveau archéologique et historique. En effet, plusieurs sites, dont Finca 6 entre Sierpe et Palmar Sur présentent des sphères rocheuses parfaites, parfois polies. Celles-ci ont été taillées par la civilisation pré-colombienne, les Diquis qui régnaient sur une large partie du Sud.. Elles servaient probablement comme marque de pouvoir par les élites du delta. Depuis juin 2014, l’UNESCO a même ajouté ces sphères particulières dans la liste du patrimoine mondial.

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Traversée à gué à dos de mulet…

Il est désormais temps de repartir au Nord. Nous décidons de chevaucher une fois de plus les vagues. Mais, aléas du surf ! Lors de mon dernier jour en surf, à proximité de Jaco, je marche malencontreusement sur une raie tapie sous le sable, qui mécontente m’a piqué au talon. Ces poissons cartilagineux, qui sont en fait de la même famille que les requins, possèdent un dard effilé avec des denticules qui rentre comme un couteau dans du beurre dans la peau, infligeant ainsi au moins chanceux une belle coupure adjointe d’une bonne dose de venin. La douleur occasionnée est bien plus importante que celle d’une piqure d’abeille, j’en ai presque les larmes aux yeux. Finalement, à l’aide d’anti-histaminique et d’anti-inflammatoire la douleur s’estompe. Bref même si je n’ai pas pu profiter de mon dernier jour de surf, j’espère repratiquer ce sport fun prochainement. Et désormais, je saurais en plus qu’il vaut mieux frotter ses pieds dans le sable pour déranger ces animaux plutôt que de les écraser bêtement. Sachez que si vous vous faites piquer vous aussi, le venin est thermolabile, c’est à dire qu’il est inactivé par la chaleur : trempez le membre touché dans de l’eau à 45°C (attention à ne pas se brûler quand même).

Voilà, retour dans le tumulte de San José après avoir une bonne dose de calme, de relaxation, de surf et de soleil sur les plages. La boucle est bouclée. Merci à Pauline d’avoir partagé l’aventure costaricaine avec moi. À bientôt j’en suis sûr.

De retour à la maison, je vous souhaite d’ores et déjà une belle fin d’année ! Et n’oubliez pas de réaliser vos rêves. ¡Pura vida!

Album Flickr du Costa Rica

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